Présentation d'Eejil

Je casserais le Monde :

Une fille court dans la rue. Elle a un point de côté mais court toujours plus vite. Ses yeux piquent, ses jambes sont lourdes, mais elle continue. Dans la dernière montée, ses pas se font plus lourds et résonnent jusqu'à l'horizon qui défaille.
La nuit tombe, elle s'enlève sa veste et enroule quelque chose dedans. Elle serre l'ensemble contre elle, et le protège des regards.
Le froid mordant la fait vaciller, sa certitude s'éteint dans ses yeux, ses jambes manquent de s'arrêter. Elle arrive enfin, et la peur dans ses yeux est remplacée par une teinte de soulagement. Elle monte les marches, arrive devant la porte. Fermée. Désespoir de son but raté. Mais comme un signe du destin, sa sacoche tombe. Et la clé est là, logée dans une boîte en améthyste.
La fille la prend, pleine d'une nouvelle énergie, et l'enfonce dans la porte. Elle referme celle-ci à double tour, dès que son précieux colis est à l'abris, à l'intérieur. Elle serre sa veste contre son cœur, fermant les yeux un instant. Elle regarde enfin l'intérieur.
Le médaillon est là. La clé du futur. Elle l'avait sauvée. L'adolescente regarde enfin devant elle, et trouve le noir. Elle n'aimait pas ça mais tant qu'elle avait le médaillon avec elle, tout allait pour le mieux.
Dans l'ombre – pourquoi est-ce toujours dans l'ombre que se passent les choses les plus affreuses ?- quelque chose bougea. Plusieurs choses. Des humains ? Non.
La fille frémit. Elle avait échoué finalement. Pourquoi ? Pourquoi si près du but ? Au lieu de le lâcher, comme pour dire "je me rend", elle serra encore plus fort le médaillon dans sa main. Elle affrontait le présent. Elle ne baisserait jamais la tête. Mourir dans la fierté, c'était tout ce qu'elle voulait. Et même si l'espèce humaine était vouée à l'extinction dans moins de deux heures à cause d'elle, elle serait morte dans la fierté.
Les êtres de l'Ombres s'avancèrent. Nul ne peut savoir comment ils sont, nul ne peut les voir mais on sait qu'ils sont là. L'un d'eux lança à l'adresse de la fille une bourse. Cette bourse, elle le savait, contenait le Néant qui créait l'Infini. L'adolescente ne chercha même pas à éviter la Lumière lorsque la bourse s'ouvrit devant elle.
Dans un dernier soupir, elle revit la Neige. La Neige qui venait de se mettre à tomber, dehors. Puis elle plongea dans la bourse, mais maintenit le médaillon dans sa main. Elle mourrait mais elle sauvait le Monde. Ça fait cliché de dire ça comme ça mais c'était la pure et simple vérité. Dans la Neige, elle vit l'avenir. Elle se vit en train de mourir, de se désintégrer. La Lumière lui transperçant le corps. Elle sourit, elle avait accompli son devoir. Elle pleura, elle mourrait pour cela.